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par Marco Silvestro Article paru dans la revue Possibles, vol. 32 nos 1-2, printemps 2007 J’ai été impliqué dans la récupération de surplus invendus de nourriture à partir d’août 2005, alors que je participais au 3e Campement autonome de la jeunesse québécoise2. J’avais déjà bénéficié des repas collectifs de Food not Bombs et People’s Potato. Mais lors de ce 3e Campement jeunesse j’ai constaté, pendant deux semaines, que des légumes et des produits laitiers récupérés dans les poubelles ou directement chez des distributeurs pouvaient nourrir 200 personnes, trois fois par jour, et qu’en plus ce pouvait être bon. En revenant à Montréal après un été à la campagne, je me suis tout naturellement collé au groupe qui, après le campement, continuait de récupérer fruits et légumes et continuait de cuisiner collectivement, offrant un dîner gratuit par semaine aux étudiant-es de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Le collectif existait déjà sous le nom Agite-Bouffe. Depuis lors, la majorité des fruits et légumes et du pain consommés chez moi proviennent des poubelles ou des surplus récupérés directement chez les marchands. Dans cet article je voudrais, en me basant sur ma propre expérience et sur des échanges avec d’autres récupérateurs-trices de nourriture, exposer ma compréhension de cette pratique et de la philosophie qui la sous-tend. Je vais commencer par évoquer ses origines et la situer dans le contexte québécois. Je montrerai ensuite comment « la récup’ de bouffe » participe d’une conception de l’engagement politique qui se base sur un agencement entre quelques grandes valeurs : la protection environnementale, la convivialité, le « do it yourself » et l’autonomie face aux grandes corporations maîtres du marché économique. L’agencement de ces valeurs donne des pratiques et des discours enracinés dans des modes de vie contestataires, ce qui illustre d’après moi l’engagement politique au quotidien qui semble devenir une constituante de l’action collective contestataire actuelle. Cliquer sur le document pdf ci-dessous pour lire l’article.